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Note de l'éditeur

Les textes réunis dans le présent volume sont tirés des recueils Triples loisirs, Double loyauté, Idiomes mêlés, Fausse liberté et Entretien semi-frivole.

Triples loisirs et Double loyauté parurent en 1932. Le premier contient 34 écrits de 1927 à 1929 et une liste, établie en 1932, des écrits de Lu Xun et des traductions faites par lui. Le deuxième reprend 37 écrits de 1930 et 1931. Fausse liberté, publié en 1933, englobe 43 écrits de janvier à mai de cette même année. Idiomes mêlés, édité en 1934, en comprend 51 des années 1932 et 1933. Entretien semi-frivole, paru en 1934, regroupe 64 écrits de juin à novembre 1933.

La table des matières le montre, tous les textes du présent volume datent des six années qui vont de 1928 à 1933. On était aux premiers temps de la Deuxième guerre civile révolutionnaire (1927-1937). Le Guomindang avait trahi la révolution, il était passé aux impérialistes et régnait par la terreur, emprisonnant et massacrant les progressistes, il s'en prenait à la révolution populaire par les armes et dans le domaine culturel. La crise que connaissait la nation s'accentua de jour en jour. Les impérialistes japonais occupèrent de vastes territoires dans le Nord-Est en 1931. Ils donnaient l'assaut à Shanghai en 1932.

La volonté du peuple chinois était claire et précise. Il exigeait l'arrêt de la guerre civile pour que le pays puisse s'unir et résister aux agresseurs. Mais les réactionnaires du Guomindang s'y refusaient, ils défendaient les intérêts de la bourgeoisie compradore et des propriétaires féodaux. A l'instigation des impérialistes, ils mobilisèrent toutes les forces contre-révolutionnaires en vue d'exterminer les communistes et, en même temps, pliaient devant l'ennemi, ils cédaient devant toutes les exigences du Japon. Le soutien populaire lui échappant, le régime s'acharna, il réprima : la liberté de parole et la liberté de presse furent supprimées, des librairies furent saccagées, des patriotes et des progressistes furent arrêtés et assassinés. Le nom de Lu Xun figurait sur la liste noire et comme il ne pouvait publier librement, certains textes du présent volume parurent sous des pseudonymes.

En plus de la terreur à visage découvert, le gouvernement du Guomindang mit diverses « théories » au point pour masquer sa trahison envers la nation et tromper le peuple. Ses mercenaires, les « messieurs occidentalisés » et des « lettrés », s'en prirent de commun accord aux écrivains progressistes. Les uns faisaient circuler des rumeurs, les autres espionnaient. Ils s'affublèrent de divers masques et oripeaux, niaient le caractère de classe de la littérature et glorifiaient « l'art pour l'art », afin de berner les jeunes et de faire passer pour blanc ce qui est noir. Ainsi espéraient-ils détourner l'attention des gens sur les réalités de la lutte.

La vérité sur le Guomindang, la dénonciation du vrai caractère des « lettrés » et de ces « professeurs » si dignes en apparence, la réfutation de leurs mensonges et des mensonges de leurs maîtres, s'imposaient donc d'urgence aux cercles culturels progressistes de l'époque. Tel est l'arrière-plan historique des textes que Lu Xun écrivit au cours des années en question.

De ceux-ci, il ressort clairement que son point de vue fut toujours celui du peuple dans son combat contre les forces de la réaction. Il dénonça le vrai caractère de la politique du Guomindang : « Nous devons régler nos ennuis intérieurs pour pouvoir repousser l'envahisseur. »Il attaqua la terreur déclenchée contre les patriotes. Sa plume proclame la nature même des hypocrites, cette meute de « chiens errants des capitalistes ». Il écrit :

Vivre dans une société de classe et être un écrivain se situant au-dessus des classes, vivre en un temps de guerre et se soustraire au combat pour rester indépendant, vivre dans le temps présent et écrire pour l'avenir, est pure fantaisie. Des hommes de ce genre n'existent pas dans la vie réelle.

Il révèle aussi la vérité sur ce que l'on appelait la « troisième catégorie », les auteurs de « littérature nationaliste » qui crient et vocifèrent « tels les pleureuses et les musiciens des funérailles, pour cacher la perte de notre territoire », mais ce qu'ils pensent n'a aucun rapport avec le pays, parce qu'ils sont les esclaves abjects des impérialistes.

Il y eut également de violentes discussions entre écrivains progressistes. Lu Xun participa énergiquement au débat sur la littérature révolutionnaire avec le Cercle Création et le Cercle Soleil, ainsi que nous pouvons le voir dans ce volume. Cette controverse mena bientôt à une étude sérieuse de la théorie de la littérature et intervint pour beaucoup dans l'introduction des vrais principes révolutionnaires de la littérature. Un front uni existait déjà parmi les écrivains progressistes quand Lu Xun écrivit « Mon opinion sur la Ligue des écrivains de gauche ».

La rapidité à laquelle progressèrent ses idées est surprenante. Il s'en explique brièvement dans la préface à Double loyauté.

Alors que j'ai commencé par haïr ma propre classe, que je connaissais si bien, et que je ne ressentais aucun regret quant à sa destruction, les faits m'enseignèrent que l'avenir appartient uniquement au prolétariat montant.

C'est parce que Lu Xun attaqua les injustices sociales et qu'il mena un combat inflexible contre les idées réactionnaires et retardataires dans les domaines politique et culturel que ses écrits sont d'une profondeur rare et que l'éventail de leurs sujets est aussi vaste. Ce volume ne contient pas tous les textes de cette période, il ne peut donc que donner un aperçu des multiples activités de Lu Xun. Au cours de ces années, il a, par exemple, écrit de nombreux articles sur la traduction, dont peu sont repris ici, leur transposition dans une autre langue s'avérant très difficile. jm7waP3UIXehEYgDbzQjFtvsTmWUpGBkgRmX13rU0HgyzrTlonH+5eDqoLhAPDz4

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