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En Chine, la réforme de l'offre dans le cadre de la néo-économie date de 2012 et a commencé à avoir un impact positif sur les politiques et réformes économiques en 2013. Le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et le Conseil des affaires d'État ont officiellement avancé en 2015 l'idée d'une «réforme structurelle de l'offre», appelée communément la réforme de l'offre. En décembre 2018, la Conférence centrale sur le travail économique a clairement souligné que la principale contrainte à laquelle l'économie chinoise était confrontée concernait sa structure de l'offre. La réforme de l'offre est devenue peu à peu la ligne directrice de la réforme économique du pays.
En quoi consiste exactement la réforme de l'offre? Pourquoi le gouvernement chinois y attache-t-il tant d'importance? Et quels aspects comporte-t-elle?
Après avoir connu une croissance rapide pendant plus de 30 ans consécutifs, l'économie chinoise a ralenti sa progression dès 2012. Pour y faire face, les autorités chinoises n'ont pas recouru, comme auparavant, aux politiques monétaires et budgétaires pour stimuler la reprise économique. En revanche, elles ont su se pencher sur les facteurs de la production comme sur la structure de l'offre du marché, et celle des produits et des services. De ce fait, elles visent à réaliser une croissance économique de meilleure qualité en s'attaquant aux problèmes de fond qui persistent depuis longtemps.
La réforme de l'offre concerne un ensemble de principes et d'idées économiques qui prédominaient pendant une période de développement toute particulière en Chine, et elle n'implique pas seulement quelques mesures politiques. Tous les secteurs industriels et toutes les régions doivent adapter ces idées et principes à leur propre situation. Si l'on n'arrivait pas à bien les comprendre et si l'on se contentait de les matérialiser machinalement comme s'il s'agissait de slogans, la réforme pourrait devenir dogmatique, ce qui portera finalement atteinte à l'économie chinoise.
En raison de leurs caractères théoriques, ces idées de réforme sont mal interprétées en Chine comme à l'étranger. Elles nécessitent donc une explication plus approfondie avant d'être comprises correctement. Ayant mal compris les concepts de réforme, certaines provinces et villes chinoises ont recouru à l'intervention administrative et aux indicateurs économiques pour chercher à réduire la surcapacité, au lieu de faire jouer le rôle de l'économie de marché. Les résultats vont à l'encontre des objectifs initiaux. Au niveau mondial, il n'existe pratiquement aucune explication précise sur les théories de la réforme de l'offre chinoise. De sorte que de nombreux universitaires et dirigeants étrangers ont pris la néo-économie de l'offre pour l'école de l'offre américaine. Selon eux, la réforme de l'offre en Chine a pris pour modèle le reaganisme, ce qui ne correspond pas à la réalité.
En fait, après plus de 30 ans de croissance économique rapide, ont diminué non seulement les effets marginaux de la politique de stimulation de l'économie par l'augmentation de la demande agrégée, mais aussi les rétributions de la croissance portée par l'offre. En effet, les rétributions de la croissance portée par la réforme du système des entreprises et de l'économie de marché ont été réduites en raison de l'achèvement de la réforme du système des entreprises, de l'instauration du marché des produits et des facteurs de production, et de l'intégration de l'économie chinoise dans le marché mondial. Par ailleurs, les conditions de l'offre des facteurs de production en Chine ont considérablement évolué: le dividende démographique, les rétributions liées à la terre et à un niveau d'épargne élevé ont diminué en conséquence. En outre, une fois la révolution industrielle achevée, les rétributions liées à la technologie venue de l'étranger se sont amoindries également. C'est dans ce contexte économique que la Chine a commencé à procéder à la réforme de l'offre.
À cet égard, la Chine, passant d'une économie planifiée à une économie de marché, et du vieillissement de l'offre à l'expansion de la nouvelle offre, devrait apporter de meilleures conditions institutionnelles et de marché pour absorber et valoriser les réalisations des trois révolutions industrielles. Elle devrait également accorder plus d'attention à la réduction du coût de l'offre des facteurs de production et à l'amélioration de son efficacité. Tirer profit des expériences accumulées au cours des 40 dernières années lui permettrait par ailleurs de renforcer le moteur de la nouvelle offre.
La transition d'une économie planifiée à une économie de marché doit faire face à de nombreuses interventions administratives et contraintes institutionnelles inhérentes au système économique planifié. Certaines de ces interventions et contraintes limitent l'offre des biens et des services, alors que d'autres restreignent l'offre des facteurs de production. La nécessité et l'importance stratégique de l'approfondissement de la réforme de l'offre exigent l'élimination de ces contraintes et la création de la nouvelle offre pour améliorer progressivement la capacité de l'offre qui favorisera la demande.
La théorie de l'économie du développement aide essentiellement à comprendre comment passer d'une économie agricole à une économie industrielle et d'une économie rurale à une économie urbaine, et elle reflète pratiquement le chemin parcouru par l'économie chinoise durant ces 40 dernières années, a fourni en fait à la Chine une assistance théorique comme pratique dans son effort pour développer l'économie. Mais aujourd'hui, la surcapacité de la production et le vieillissement de l'offre auxquels est confronté le secteur manufacturier traditionnel s'accentuent. Il est donc nécessaire de passer d'une économie industrielle à une économie des services.À l'heure actuelle, l'économie chinoise se trouve dans une phase critique de transition de l'offre vieillissante à l'offre expansionniste. Comment cultiver une nouvelle offre et éliminer l'offre vieillissante, comment réaliser le renouvellement de la structure de l'offre et celui de la structure des consommations? Ce sont là les problèmes que la réforme de l'offre est censée résoudre.
En bref, la réforme de l'offre en Chine va au-delà des slogans dans les médias. Il ne s'agit pas non plus d'une version chinoise de la politique de Reagan. C'est une réforme stratégique d'importance majeure destinée à maintenir une croissance soutenue pendant les quarante ans à venir. Elle implique une série de mesures visant à éliminer l'offre vieillissante grâce à l'économie de marché, à inciter la nouvelle offre, à créer la nouvelle demande, ainsi qu'à achever la transition de l'ancienne à la nouvelle force motrice. À cet égard, la néo-économie de l'offre chinoise sert de références non seulement à l'économie de transition et aux économies émergentes, mais aussi aux pays développés, qui cherchent eux aussi à réduire les coûts de l'offre des facteurs de production et à moderniser la structure de l'offre.
Teng Tai
Janvier 2019, à Beijing